Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Ce n'est pas une page qui se tourne, mais un bel ouvrage qui s'est terminé...

Quelques jours après ... les rosiers qu'elle m'avait offert par l'intermédiaire de Béa ont fait leurs premieres roses. Je les découvrais, car je n'avais aucune idée de comment elles seraient ... elles sont magnifiques ... j'aurais tellement aimé t'envoyer ces photos ... Je sais maintenant que ton absence sera marquée en chacun de ces petits instants de délice ... Quelques jours après ... les rosiers qu'elle m'avait offert par l'intermédiaire de Béa ont fait leurs premieres roses. Je les découvrais, car je n'avais aucune idée de comment elles seraient ... elles sont magnifiques ... j'aurais tellement aimé t'envoyer ces photos ... Je sais maintenant que ton absence sera marquée en chacun de ces petits instants de délice ... 

Quelques jours après ... les rosiers qu'elle m'avait offert par l'intermédiaire de Béa ont fait leurs premieres roses. Je les découvrais, car je n'avais aucune idée de comment elles seraient ... elles sont magnifiques ... j'aurais tellement aimé t'envoyer ces photos ... Je sais maintenant que ton absence sera marquée en chacun de ces petits instants de délice ... 

16h ... j'erre dans l'aéroport mon casque vissé sur mes oreilles. la playlist "maman" que j'ai crée tourne en boucle. Comme pour chaque moment marquant de ma vie j'ai sélectionné quelques chansons, musiques qui sont celles que j'ai écouté en ces temps. Je n'ai pas mangé, je n'ai pas faim. Je sais pas de quoi j'ai envie en fait. Ce matin maman est partie, depuis je fonctionne comme un robot, avec l'impression d'être dépouillée de toute émotion, de toute sensation. 

Je n'ai qu'une certitude, j'ai besoin de rentrer chez moi, et je sais que si mon corps à tenu durant ces 10 journées, ce n'est pas bien normal ... il ne devrait pas tarder à me trahir à nouveau. Et puis Shana à besoin de moi, j'ai besoin d'elle, j'ai besoin de James, j'ai besoin de Julia, de Raphaël. J'ai ce besoin viscéral d'être au milieu d'eux. Comme s'ils étaient le fil qui me ramènera en douceur à la réalité. 

Je décide d'aller passer la sécurité, le casque vissé sur mes oreilles je suis la longue file, mes yeux sont embués mais mes larmes ne coulent pas. Tel un automate je sors mon passeport, puis la carte de ma CIP, j'ote le casque. Tel un automate j'attrape un bac dépose l'ordi le téléphone, puis mon sac à dos et ma veste. J'ote mes chaussures, présente ma carte. Allez savoir pourquoi cette fois mon boitier n'a pas fait sonner. Chouette je me suis faite remarquer avec ma carte pour rien, je déteste le regard compatissant des agents de sécurité à ce moment là. Ce moment il marque mon retour à ma vie de cancéreuse. Je ne porte pas ma prothèse mammaire car ma peau fragilisée par la radiothérapie ne supporte plus mon soutien gorge depuis quelques jours. J'ai l'impression que tout le monde me regarde ... j'enfile ma casquette, j'ai l'impression que même avec des cheveux, je suis démasquée. 

Dans l'avion, je me colle contre le hublot, toujours avec la musique. L'avantage de mon top casque c'est qu'il me coupe de tout ce qui m'entoure, et me permet de m'enfermer dans ma bulle. Des images tournent dans ma tête, les moments de joie, de peine, de colère, de tristesse, de rire, de partage, les souvenirs de mes 36 années avec ma mère s'entrechoquent. Je me sens épuisée. 

J'arrive à l'aeroport, il me faut descendre la passerelle, mes jambes flagellent, saleté de neuropathie... ouf j'arrive en bas sans m'être cassé la binette ... juste j'ai crée un bouchon ... personne ne me dit rien. Je crois entendre mon cancer me dire "Héhé me revoilà, durant 10 jours personne ne te regardait t'étais dans un hopital, mais bienvenue dans la réalité, différente je t'ai rendu, différente tu restera". 

J'attends ma valise, quand j'entends ma petite vois angélique " Maman ! Elle est là ! " Shana me saute dans les bras, James lui a expliqué. elle me caresse le visage "Ca va maman ?" Ma fille me console ... mon Dieu que je déteste ça ... pourquoi ?! Pourquoi je lui inflige tout ca ? ! James me serre dans ses bras. Nous échangeons quelques mots puis récupérons ma valise, et prenons la route. Sur la route je lui raconte, et je lui parle trés mécaniquement des modalités de l'enterrement qui aura lieu dans 5 jours en Normandie. 

Le week-end fut trés chargé, avec Thierry et Béa nous enchaînons les préparatifs comme nous l'avions prévu. Des étapes qui me paraissaient surréaliste, choisir les plaques, les fleurs qui viendraient horner sa tombe, prévenir par téléphone toutes les personnes que souhaitons prévenir. Celles qui l'aimaient, celles qu'elle aimait. Nous avons choisi cela plutôt qu'un faire part froid et brutal. Mais c'est tellement dur, chaque fois que j'appelle quelqu'un, je ré-explique, je revis tout... mais c'est necessaire... je dors beaucoup, mon corps récupère. Puis j'écris l'oraison funèbre de maman....  

Mardi matin nous prenons la route, la France entière est perturbée par de fortes inondations, y compris Paris et toutes les autoroutes qui l'entoure. Nous arrivons chez Stéphanie... je suis ailleurs, je n'ai pas l'impression d'être à la veille de l'enterrement de ma mère. Mon esprit est occupé par les choses pratiques, l'organisation, revoir mes amies. Le soir Marion, puis Cécilie viennent nous rendre visite. Un peu d'émotion, mais je parle de tout cela comme si je parlais d'un film qui m'avait marqué. Je ne me sens pas personnage du film en question. 

Je ne dors quasiment pas de la nuit, le matin nous descendons déjeuner, je m’assois, mes jambes ont du mal à me porter. Stéphanie m'amène un café, je fond en larmes .... je me reprends, la journée va être longue, je dois tenir le coup pour offrir à maman un hommage digne de ce qu'elle était. Nous allons au Vieil Evreux, dans la maison familiale que Marc habite désormais. Marc nous accueille, j'ouvre la barriere avec le petit crochet qui pince les doigts si on fait pas attention. J'emprunte le petit chemin qui mène vers la terrasse sous la Pergola, puis par la porte fenêtre de la salle à manger j'entre. C'est joliment bien arrangé, et pourtant pleins de détails me ramène quelques années en arriere comme si rien n'avait changé. Le bar qui sépare la cuisine de la salle à manger, me rappelle le petit plaisir que j'avais offert à maman ; faire casser la cloison pour avoir une cuisine "a l'américaine", elle avait été tellement contente de ces travaux. Je passe devant la cheminée, et repère le receptacle de suie qu'on ne voulait jamais vider. Je regarde par la fenêtre et vois les rosiers autour de la terasse. Je repère celui qu'elle avait acheté pour me faire plaisir : orange. Mon coeur est submergé, j'ai envie de pleurer, je suis étourdie mais je tiens bon. Thierry est déjà là avec sa petite famille, nous nous embrassons et échangeons sur quelques souvenirs ici, admirons le fait que la maison à changé "sans vraiment changer". Nous sommes bien ici, mais c'est tellement dur en même temps, j'ai l'impression de voir maman devant l'évier de la cuisine, ou assise au bout de la table devant son café. 

Les enfants commencent à tourner en rond, Marc leur propose d'aller voir la salle de jeux qu'il a aménagé dans la chambre qui était celle de Shana. Je monte avec eux, je retrouve les stickers que j'avais collé pour décorer la chambre de mon bébé, sa toison, le lustre libellule. Puis au milieu trone une chouette installation remplie de palymobiles. De quoi bien occuper les enfants. 

Béa arrive à son tour, nous parlons pratique, elle nous donne les quelques affaires qu'elle a récupéré pour nous en vidant la maison de maman en Bretagne, ainsi que les photos. Nous mangeons un peu, même si nous n'avons pas vraiment faim. Béatrice, Thierry et moi partons en avance vers l'église pour régler la technique liés a nos interventions durant la cérémonie. 

Nous nous garons devant la maison de Corinne et Rémi, a quelque dizaines de mètres de l'église. Encore des souvenirs de ma vie ébroïcienne qui surgissent. L'église à été entierement rénovée il y a quelques années, mais je ne l'avais jamais vu, en effet c'est méconnaissable et magnifique. 

Nous commençons à jouer les chants, je prends mes marques avec le piano, Béa fait sonoriser son Alto. Des personnes sont déjà là, et viennent nous serrer dans leurs bras. Nos larmes coulent mais nous restons concentrés. Petit à petit la salle se remplit, puis l'équipe des pompes funèbres arrive. Nous mettons d'accord sur l'entrée, moment surréaliste de décider du cortège derriere le cercueil. La salle se remplit, les visages sont familiers des années se sont écoulés, et pourtant l'amour fraternel est toujours là intactes. Mes jambes me font souffrir maintenant, je ne sens pas le sol, j'ai de plus en plus de mouvements parasites. La neuropathie à bien choisi son moment pour surgir en force. Je pense contrôler mes mouvements, mais les regards des uns de autres me montrent le contraire ... je m'en veux, intérieurement  je me crie dessus " Mais prends sur toi merde !" Mais mon corps ne me laisse plus décider. 

Les pompes funèbres débutent, invitant tout le monde à se lever et nous amenant vers l'extérieur pour accompagner le corps de maman. Je suis près du fourgon, doucement ils sortent le cercueil, je crois que je vais tomber, mais je tiens ferme. Thierry et Céline me font signe de suivre avec James et Shana. Je serre ma princesse contre moi, et j'avance sans rien voir. La cérémonie s’enchaîne, arrive le moment de lire l'oraison. Je prends sur moi, et arrive à le dérouler sans encombre, maman tu aurais fière de moi, j'ai tout fait comme tu aurais aimé. Ensuite Thierry enchaîne un chant qu'elle affectionnait tant. Cette fois mes larmes coulent à flot, Shana vient s'asseoir sur moi et me serre fort. Je pense, "Ma princesse, c'est si dur ...pardonne moi de ne pas savoir t'épargner ..." Le pasteur apporte une prédication, une prédication parfaite, il apporte un très beau message tout en faisant régulièrement des allusions très vraies sur maman. 

Arrive la fin ... la musique est lancée, tout l'assemblée vient saluer une derniere fois le cercueil de maman, puis vient notre tour. Cette fois mon corps tout entier ne semble plus vouloir, je réunis toute l'énergie que je trouve, les douleurs sont vraiment fortes, mais je ne veux pas tomber. Je pose ma main sur son cercueil, c'est trop dur de la retirer.... James me prends par les épaules ... 

La cérémonie se termine nous suivons le cercueil... 

Le cimetière ... voir la tombe de papa ouverte me fait vraiment une drôle d'impression ... Ils y glissent le cercueil de maman... nous lui jetons chacun une rose rouge, puis chaque personne qui nous à accompagné une poignée de pétales de roses. A la fin, il reste des pétales que nos enfants jetteront. Voir tous ses petits enfants autour de la tombe est tellement difficile, elle aimait tellement les avoir tous auprès d'elle ... Ils sont beaux. 

S'ensuit une réception que nous avons souhaité faire dans la maison familliale. Rapidement l'ambiance devient comme elle a toujours été, les souvenirs passent de bouche en bouche, petit à petit les larmes laissent place aux sourire mélancoliques. Thierry sort les photos que nous avons récupéré, les souvenirs fusent. On retrouve les habitudes d'antan, la terrasse est remplie, nous partageons un moment très convivial comme ceux que maman avaient l'habitude d'organiser ... avec les memes personnes a quelques exceptions près ... Il ne manque qu'elle .... 

Maman on a tout fait comme tu aurais aimé, on a pleuré, mais on aussi sourit, et on s'est souvenu des bons moments .... Mais maman ... tu me manquais ... 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :